Les feuillets du
Dr Jack Newman


Faire soi-même

ses coussinets d'allaitement



L’allaitement est une histoire1 à durée variable qui se joue au moins à deux2.
(cochez les cases qui vous conviennent)

1) belle □
simple □
difficile □
triste □
(très) courte □
(trop) longue □
universelle □
naturelle □
drôle □
douloureuse □
secrète □
ennuyeuse □
d’amour □
……… □

2) la maman □
le bébé □
le papa □
la famille □
les amis □
des inconnus □
des assos □
une/des sages-femme(s) □
un/des médecin(s) □
……… □
La moindre minute passée au sein de sa maman est un cadeau merveilleux pour le nouveau-né. Et les minutes peuvent se muer en heures, en jours, en semaines, mois, années de bien-être partagé dans cette relation nourricière et, disons-le, amoureuse, relation qui est a priori la suite la plus logique, la plus naturelle après la grossesse et l’accouchement.
Mais la Nature n’a pas tout à fait tout prévu : péridurale, ventouse et autres « joyeusetés » obstétricales, aide un peu trop appuyées aux premières mises au sein, conseils des uns et des autres, rapport à son propre corps, regard de la société sur la poitrine des femmes, séparation précoce (à 2 minutes ou 2 mois de vie), pesées et courbes, gadgets, sacro-saintes émancipation /autonomie /indépendance, etc…
Bref, une jeune maman qui souhaite allaiter et poursuivre un tant soit peu l’allaitement de son bébé aura peut-être à déplacer des montagnes. Elle doit savoir que la météo parfois capricieuse des débuts (crevasses, fuites, embarras, …) se calme généralement en 4 à 6 semaines, avec un peu d’aide au besoin. Qu’à presque tous les problèmes rencontrés (difficultés, maladies de la mère, du bébé, opération, reprise du travail, …), il est possible si on le souhaite de préserver l’allaitement, voire de relancer une lactation après plusieurs jours, semaines d’arrêt. Qu’elle fera mieux, avec un petit sain au sein, de s’affranchir de toute montre, réveil ou sorcier-horloger. Qu’il lui faudra réussir à fermer ses oreilles aux remarques désobligeantes qui apparaîtront peut-être (surtout quand elle dépassera certaines « normes autorisées » en la matière) ou s’apprêter à y répondre plus ou moins poliment selon la relation qu’elle souhaite entretenir avec ces bien intentionnés empêcheurs d’allaiter en rond. Qu’elle-même aura ses propres doutes à écouter voire à surmonter (sur un banc public ? à la piscine, à la plage ? à l’église pendant le mariage de la copine Hortense ? entre les copains de Chérichéri devant un match ? encore combien de fois cette nuit ? à la reprise du boulot ? après 3 mois, 6 mois, 1 dent, 1 an, 2 ans, 20 dents ? quand le suivant est en route, quand il est né ?…)
Tout ça pour donner à un petit d’homme la meilleure nourriture qui soit pour lui, à un rythme qui lui conviendra et qui variera, puis que la maman pourra s’approprier avec la diversification, ou plus tard, ou jamais, dans des moments de peau-à-peau (même si ce n’est souvent que bouche-à-sein) délicieux et bénéfiques pour tous les deux.
On pourra d’abord voir la bouche ouverte qui cherche, plus tard sentir les mains qui savent où trouver, encore plus tard entendre un mot secret, un mot-sésame (nam-nam, néné, tata, …) ou la vérité toute nue (« je veux téter ! »). On pourra observer l’incroyable transformation du colostrum en lait, et du lait lui-même en cours de tétée. On profitera avec bienfaits de l’adaptation naturelle aux rythmes du bébé. On pourra choisir une position préférée, élire un siège particulier, donner où-quand-comme on veut. On aimera se laisser entourer, protéger par l’aimé(e) qui apprécie au passage nos jolies rondeurs sucrées. On puisera d’ailleurs au bout de quelques mois dans nos réserves culottées. On rencontrera d’autres mamans qui allaitent, peut-être on s’associera pour se raconter et se soutenir. On verra moins le médecin, on donnera moins de potions (on creusera moins !). On s’offrira des plaisirs ou de l’épargne à la place de boîtes de poudre. On aura un peu moins de vaisselle, un peu moins de poubelle. On confiera peut-être le précieux breuvage avec le non moins précieux buveur pour un loisir égoïste, une obligation raisonnable ou une nécessité salariée. On aura vécu de sacrés moments – ou des moments sacrés ? – et on se souviendra peut-être de la dernière fois, avec peut-être, même des mois après, des larmes de lait au bord des seins.


Allez-y, à vous de jouer: allaitez !
et pour en parler c'est par ici