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solenn

Inscrit le: 10 Mar 2006 Messages: 581 Localisation: Rennes
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Posté le: Lun 13 Nov 2006, 18 : 22 Sujet du message: Très, très long récit de naissance et + |
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J’ai envie de commencer ce récit bien avant la naissance…le jour de la conception.
C’était un jeudi soir, début septembre, sous une petite tente aux Etats Unis. Nous étions au Burning Man, une énorme teuf de baba cool dans une réserve indienne, dans un désert qui pendant une semaine se transforme en un lieu de vie pour 30 000 personnes. Et ce soir là, on a espéré très fort faire un bébé…et on l’a fait!!!
Un mois plus tard, Laurent et moi étions à Ille et Bio à Guichen et on a rencontré des gens de « Couleur Bébé » (chouette des gens qui ont une approche de la naissance qui ressemble à la notre!) et lors d'une conférence sous une yourte, Isabelle Barre, une sage femme qui accompagne les accouchements à domicile...
Je n'avais pas beaucoup réfléchie à la naissance, mais je souhaitais plusieurs choses: être suivie par la même personne du début de ma grossesse à l’arrivée du bébé. Je n’aime pas la médicalisation en tant normal, alors là, je n’en voulais vraiment pas (ou le moins possible). Je ne voulais pas d’étrier, de position allongée, de plein de monde que je ne connais pas autour de moi. Pas de péri non plus, pas de monitoring.
Ce choix de l’accouchement à domicile, on n’y avait jamais pensé avant, mais après avoir rencontré Isabelle lors d'un rendez vous plus personnel, cela est devenu une évidence, c'est elle qui allait nous suivre pendant ces neuf mois d’attente active.
Tout était donc parfait, on ne pouvait espérer de meilleures rencontres alors que notre bébé avait un mois dans mon bidon.
Il ne me semblait donc pas essentiel d’aller faire un dossier dans une mater…à quoi bon? De toutes façons j’allais accoucher chez moi. La suite montrera que j’ai eu raison de le faire.
L’accouchement était prévu début juin…Courant mai Laurent a eu des contrats à Ibiza, à Sedan…pas la porte à côté. (Il est comédien dans des spectacles de rue). Ca me faisait peur qu’il ne soit pas là. Mais notre projet de naissance était tellement «différent» que j’ai eu un super soutient de la part des amis. Je n’étais pas seule quand Laurent n’était pas là. Merci les copains, copines d’avoir été aussi attentifs, attentionnés et présents.
Jeudi 25 mai – 6h30
Tout à coup un liquide chaud coule entre mes jambes. La perte des eaux!! C’est commencé, ça y est. Comme par hasard j’avais une serviette de toilettes sous les fesses car j’avais des petites pertes: on a évité l’inondation du lit.
-«Laurent, je perds les eaux».
Il me réponds encore endormi: «Tes sûr?».
-«Bah oui je suis sûr». Et pourtant pas de contractions.
-«On a fait l’amour comme des fous hier soir, tu crois que ça peut venir de là??».
A 7 h on appelle Isabelle qui nous rassure. Il faut attendre les contractions. Et pour la perte des eaux, c’est pas grave. On a 48h avant toute intervention médicale alors pas de panique, il peut se passer plein de choses en 48h. Et puis je suis dans mon environnement, moi et les microbes on se connaît.
La journée se passe tranquillement.
21h. Laurent raconte:
Solenn chante Brel, son ventre en avant, tout rond pour quelques temps. La journée a été bien remplie: le marché à Dinan ce matin, pot avec les potes (ils étaient hallucinés de me voir là fraiche et pimpante alors que j’avais perdu les eaux!!! Mais il fallait que je bouge, que je profite de ces derniers moments avant l’arrivée du bébé), un arrêt chez Marie Claire pour lui prendre un bouquet de fleurs. Elle nous en a fait un énorme comme cadeau de naissance, tellement gros que Solenn en a fait trois en arrivant. Il est superbe de toutes les couleurs. Magnifique pour toi mon bébé. Retour à la maison vers 16 h un peu inquiet. Toujours pas de contractions. Mais un coup de fil à Isabelle nous rassure. J’essaye de dormir un peu, la nuit risque d’être longue. Vers 18h j’ai emmené les grands frères chez des amis (merci Coco et Fred) pour passer la nuit.
21h30, Laurent raconte encore:
C’est Zap Mama maintenant et on est en train de se préparer une bonne bouffe, brochette au feu (je l’aurai mon accouchement au coin du feu) et patates nouvelles sautées. Je suis passé tout à l’heure partout dans la maison avec de la sauge en branche pour «purifier» les lieux. Les Indiens font ça, ça doit pas faire de mal.
vers 20h-21h (je ne sais plus trop) des vagues dans mon corps...je ne savais pas trop, mais oui c’était bien des contractions... elles arrivent, assez espacées. Laurent note les heures de temps en temps pour avoir une petite idée. Voici une des premières séries: 21h17, 21h27, 21h52, 22h05, 22h45, 22h55.
J’ai dormi toute la nuit assise dans un canapé qu’on avait installé dans notre chambre. Je n’arrivais pas à être allongée. J’ai dormi par intermittence. Les contractions étaient bien présentes et je pouvais suivre leur fréquence grâce aux chiffres rouges du radio réveil.
De 23h à 23h50, série de contractions calmées par un bain. Solenn semble déjà bien fatiguée…De nouveau vers 2h du mat’ plusieurs séries mais sans suite. J’ai dormi par paquet d’1h30 jusqu’à 6h du mat’.
Vendredi 26 mai (le lendemain)-
15h, Laurent raconte toujours:
Jules et Tristan sont arrivés un peu excités, je les ai emmené à l’école.
Il est presque 15h et Solenn est épuisée mais super courageuse Elle grogne d’un son grave venu de très loin à chaque contraction et parle à notre bébé entre chaque vague. C’est au moins son troisième bain depuis ce matin…Tout le monde attend, SMS, messages…Les amis sont très attentifs à ce que nous vivons. C’est très agréable de se sentir entourés comme ça. Merci à tous. Je vais laisser So et le bébé un moment pour aller chercher les ovules de calendula. Le bébé bouge. C’est chouette.
Je prends la suite du récit:
Autres séries de contractions notées: 14h36, 43, 48, 53, 59, 15h05, 11, 20, 29
Le matin j’étais déjà bien fatiguée et aussi très impatiente. Je me suis levé vers 8h, j’ai vu les enfants que Fred ramenait. Je piétinais. Ca me soulageais quand une contraction arrivait. Comme a raconté Laurent, jusqu’à 15h j’ai pris des bains, chanté, parlé au bébé et même si les contractions se rapprochaient ça n’était pas désagréable sauf que je commençais à avoir mal au dos.
Finalement c’est Virginie qui est allé chercher les ovules vers 16h. Je voulais que Laurent reste avec moi. Je crois me souvenir que ça allait et que les contractions étaient bien régulières (toutes les 10 minutes). A 16h30 Laurent appelle Isabelle qui arrive à 18h. Entre temps, les contractions sont de plus en plus rapprochées et de plus en plus fortes. Je reprends un bain. Quand Isabelle arrive, j'en sors juste. Elle pose les mains sur mon dos pour m’aider à supporter la contraction qui arrive. Elle part ensuite chercher le reste de son matériel et installe le siège d’accouchement dans la chambre.
Je m’y installe rapidement, accrochée à l’écharpe de portage fixée sur une poutre. Mon col était alors dilaté à 5. Durant les heures suivantes, j’essaye tout: canapé, quatre pattes, bain, massages au calendula…Les douleurs deviennent de plus en plus intenses et rapprochées.
Vers 21h30, Après un deuxième toucher (col à 7), je veux savoir combien de temps il reste. Isabelle me dit que le temps n’est pas important, que le bébé arrivera quand il le voudra. Ca m 'énerve, cela fait 4 heures que les contractions sont fortes, que j’ai mal, une douleur jamais rencontrée. Oui de la douleur, une douleur profonde et intense. A ce moment j’ai commencé à chanter.
La douleur dans les reins est tellement insupportable qu'aucune position ne me soulage, Dans le bain Laurent me bloque les pieds mais je ne trouve pas de position.
Je me rends compte que je ne vois plus de rapport entre cette souffrance et l' avancé du bébé et son arrivée, je n'arrive plus à respirer dans ma douleur. Je perds courage.
Pour la première fois je dis que je veux aller à l'hosto, que je ne veux plus souffrir, J'ai également dis: «Je ne crois pas en dieu mais s'il vous plaît mon dieu arrêtez cette douleur».
Isabelle veut me faire un toucher, je la repousse, je ne veux pas de ses doigts. Ça me fait trop mal.
Le col est toujours à 7, je n'en peux plus. Je sais qu'elle ne pouvait pas me dire que ça évoluait bien, c'était pas le cas. Mais j'aurai voulu l'entendre. Je savais pas ce qu'il se passait, je ne sentais que mon dos, mes reins. J'étais dans le flou. Elle me dit de reprendre confiance, Laurent aussi. Je sors de la baignoire et m'installe sur le canapé. Laurent est derrière moi. Je perds la notion du temps, il s'étire, se contracte.
Pourtant à un moment mes yeux rencontrent l'heure affichée en rouge du radio réveil: C'est trop long, je veux sentir mon bébé mais je ne le sens plus. Je veux que le travail avance en même temps que l'heure mais rien!
Je retourne dans l'eau, mais cela ne change plus rien, je ne peux pas mettre mon dos à plat contre la baignoire, mon ventre est trop encombrant pour trouver une position confortable. Laurent essaye de m'aider.
A ce moment là, plus personne ne peut m'aider, tout est trop fort. J'ai besoin de ne plus avoir mal. Je cris, je n'en peux plus. Plus personne n'a le droit de me dire qu'il faut respirer dans la douleur. Je n'en veux plus. Je ne veux plus de ce bébé. Jamais plus je n'en aurai. Autant mourir.
Isabelle me dit que si c'est l' hôpital que je veux on y va. Elle me rassure, me dit que ce n'est pas un échec. Elle me prévient aussi, il se peut qu'en arrivant là bas, le travail ait progressé et qu'il ne soit plus possible de me faire la péridurale.
D'un coup je me lève. On y va, maintenant. Je m'habille comme je peux, trempée. Je m'en fou.
-«Laurent dépêche toi. J'en sais rien ce que tu prends je m'en fou, la carte vitale, un CD, un pyjamas, la carte de groupe sanguin. De toutes façons, ils ont mon dossier là bas.» Heureusement!!!
Pendant les préparatifs (10 mn maxi!) Je piétine. Je ne veux plus que les contractions continuent. Il faut que ça s'arrête. C'est marrant mais j'ai l'impression que pour la première fois mon corps m'écoute.
C'est parti. Laurent avait préparé un matelas dans le camion au cas où . Mais je veux être assise derrière toute seule, pas allongée. Vite, vite. Peu de contractions pendant le trajet Ouf. Je piétine de nouveau, ça me fait du bien. Isabelle nous suit.
Nous arrivons, je sors du camion et Laurent va le garer. J'ai du mal à marcher. Une dame arrive, me soutient et Isabelle aussi. On entre dans la mater. Isabelle explique mon cas. Il faut que j'aille aux toilettes. Je vomis partout.
On m'amène dans une salle d'accouchement classique. Le lit ne fonctionne pas mais l'anesthésiste est là! Ouf !
On me propose des antibios car j'ai perdu la poche des eaux depuis longtemps maintenant et j'ai de la fièvre. Isabelle nous avait prévenu qu'on nous poserait la question. Mais à ce moment là, nous ne sommes plus capable d'avoir un choix éclairé. On dit non. Alors l'anesthésiste me dit que si j'ai pas d'antibio, j'aurai pas non plus de péri. Je lâche: «Faite ce que vous voulez du moment que j'ai plus mal.»
Avant la péri, c'est Fred, une sage femme qui connaît Isabelle qui arrive et qui dit qu'elle se charge de nous. Quel bonheur!
Elle sera là jusqu'à l'arrivée du bébé.
Juste avant d'avoir la péri, l'assistante de l'anesthésiste me demande sur une échelle de 0 à 10 où en est ma douleur. Je réponds 8. J'aurai du dire moins car je ne savais pas que ce chiffre allait influer sur la dose d'anesthésiant injecté. Une fois la péri posée, je ne sens plus rien. Seul le monitoring m'indique quand j'ai des contractions. C'est bizarre. Moi qui ne voulais pas de tout ça et bien c'est la totale. Je me demande maintenant d'ailleurs si c'était nécessaire ce monitoring. Mais bon.
Je suis de côté, la jambe droite dans l'étrier de gauche car le bébé a encore ¾ de tour à faire pour être dans la bonne position. (Si j'avais su, j'aurai fait tous ces exercices qu'ils conseillent de faire dans les bouquins pour que le bébé soit dos contre ventre et non pas dos contre dos. Mais Isabelle ne m'a pas alarmée sur cette position. Le bébé se met comme il veut me disait elle. Alors j'ai laissé faire la nature.)
Quand j'arrive à la mater mon col est toujours à 7. Le bébé est toujours très haut. La seule chose que je sens maintenant lors des contractions, c'est 1 pied en haut à gauche, dans mes côtes. Mais je n'ai plus mal dans les reins, c'est magique.
Entre 23h, heure d'arrivée à l'hôtel dieu, et 6h30 du matin,, j'ai peu de notions du temps. Isabelle est restée 1 h à peu près. Laurent est allé s'acheter un kebab avant minuit (vive les maternités en centre ville!).
Alors que l'anesthésiste me dit de ne plus boire, je bois « en cachette ». J'ai soif, très soif. Je n'ai jamais fait d'efforts pendant aussi longtemps et on veut m'interdire de boire! C'est inhumain.
Fred est super et a plein de petits mots encourageants. Au bout d'un certain temps mon col est toujours dynamique (je croyais pourtant que depuis quelques semaines il était mou!). Fred me fait une injection de spasfon pour le ramollir. Ça marche. Mais une fois mon col à 10, le bébé ne descend pas et ne s'engage toujours pas dans le bassin. On attend. Je somnole, peut être même que je m'endors (c'est incroyable, je suis en train d'accoucher et je dors!!!). Je gère la péri. Dès que je sens une douleur dans les reins j'appuie sur la dosette qui met 20 minutes à agir.
Le bébé ne descend pas mais Fred nous montre ses cheveux. Y' en a plein, des longs et noirs, ça me plaît.
Il est autour de 5h du matin et Fred décide qu'il faut que je commence les poussées. Je vais pousser sur les contractions que je ne sens pas pendant ¾ d'heure, 1 heure. Mais le bébé fait le yoyo. Il s'engage à peine et remonte. A un moment, l'équipe décide qu'il va falloir aider le bébé. Il va bien, mais j'ai de la température et il est comme dans un four à l'intérieur de mon corps, cela dure depuis trop longtemps. Un interne va l'aider avec une ventouse! L'accessoire me semble moins barbare que je ne l'imaginais.
Tant pis. S'il faut la ventouse, c'est comme ça. Mais pitié pas la césarienne.
L'interne m'explique qu'il va falloir pousser 2 fois sur 1 première contractions et cette opération sera renouvelée une seconde fois si ça ne marche pas la première. Et si la seconde ne marche pas non plus, il fait venir le médecin pour étudier la situation. Cela veut dire césarienne. La seule chose qui me rassure si on devait en arriver là, c'est que le médecin est Linda Lasel et que je l'ai déjà vue.
L'interne vire le miroir derrière lui car il a peur de shooter dedans. Ça va être sportif, il remonte ses manches...
Première poussée sur une contraction que je ne sens toujours pas mais que je vois sur le monitoring. Je pousse à fond une fois, je reprends mon souffle, une autre fois. L'interne me dit que ce que je fais est très bien mais je sens bien que la situation n'évolue pas. Il me dit que la ventouse a du mal à adhérer sur son crâne qui est déjà déformé à force d'essayer de passer le bassin.
Fred éteint le monitoring et me dit de me concentrer sur moi. La seule chose qui me guide c'est de mettre ma main sur mon ventre et de le sentir se contracter.
Elle me dit que pour mettre autant de temps à se préparer ça ne peut être qu'une fille. Dans ces moments là, la moindre parole soutient. Et j'ai envie d'une fille. Alors j'y crois que ce sera une belette.
Une autre contraction. Je pousse. Je ne veux pas de la césarienne. Mais je ne sens vraiment rien. Est-ce que ça marche?? Je repousse. La bébé n'est toujours pas descendu!!!
Pas de césarienne, please!!
L'interne part chercher le chirurgien, revient et me dit que l'on essaye une dernière fois avant l'arrivée du médecin. Je demande à Fred de m'aider à sentir la contraction. J'y arrive pas toute seule. Elle met sa main sur mon ventre avec la mienne. Je sens mon ventre se contracter mais j'attends la bonne, celle qui va laisser passer mon bébé.
A un moment, elle me dit: «maintenant». Alors je pousse à fond, à fond, je crie. Et la situation se débloque, le bébé descend. Le tête est au bord au bout de la deuxième poussée. L'ultime espoir... Fred me dit de pousser doucement, que la tête est sortie. Une autre petite poussée et c'est la première épaule. Une dernière et c'est l'autre épaule suivi du reste qui sort. Le bébé est sorti alors que je n'y croyais plus vraiment. Je suis épuisée. L'interne demande à Laurent s'il veut couper le cordon. Laurent me regarde et me demande si c'est important pour moi. Je m'en fou. Il est là. Il m'a aidé jusqu'au bout. Il ne me prouvera pas plus qu'il est le papa en coupant le cordon. Ça fait 9 mois qu'il s'investit pour cette arrivée. L'interne le coupe et il est sur moi. (Je me demande pourquoi il a fallu couper le cordon aussi vite. Mais sur le moment je n'ai rien dit.)
Ce bébé est enfin là. Et c'est une fille, je crois. Un instant je confonds le cordon, un truc qui pend avec un zizi. Mais non, c'est bien une petite belette. C'est super. Merci, merci. Il est 6h30 à ce moment. Le jour commence à montrer le bout de son nez en même temps que mon bébé.
Il a fallu pousser encore pour le placenta mais je ne m'en souvient plus vraiment. Je n'avais plus envie de faire d'effort et il est sorti sans souci. Ça y est c'est fini. Fred baisse la lumière. Elle aussi pensait que c'était un gros bébé, pour avoir eu autant de mal à trouver son chemin. Mais non.
Pendant 2 heures au moins on nous laisse tranquille, juste tous les trois. Elle tête beaucoup. Je la mets sur mon sein quand elle tétouille avec sa langue ou bien c'est Fred qui la met, je ne sais plus.
Elle est belle, très belle. Et pourtant elle a un crâne tout déformé avec la ventouse. Il faut faire attention de ne pas appuyer sur ce gros hématome.
Puis j'ai froid, très froid. Je pense que j'ai atteins les 40°. On me rajoute des couvertures, des médocs. La petite continue de téter. Puis Laurent va avec elle pour la pesée: 3, 210kg.
L'équipe de nuit fait place à l'équipe de jour. Fred me confie à une autre sage femme. Merci de ton soutient.
Je pourrai m'arrêter là mais j'ai envie de continuer car l'histoire ne se termine pas vraiment là.
Notre fille n'a pas eu de prénom tout de suite. On en avait plusieurs en tête mais on avait envie de prendre le temps de lui trouver celui qui lui correspondrait le plus.
J'ai eu envie d'une douche. J'étais sonnée et faible sur mes jambes mais j'ai réussi. J'avais mal aussi. Une petite déchirure qui ne nécessitait pas de points. Mais je n'arrivais pas du tout à m'asseoir.
Je voulais une chambre seule. Alors en attendant qu'une se libère j'ai attendu dans la salle de naissance. C'est marrant, j'y serai quand même passé dans cette chambre...
Et qui arrive? mes parents tout fière d'être grands parents. Maman est arrivée avec plein de petits trucs tricotés. Super. Et puis c'est Sarah qui a débarqué, toute émue de nous voir dans cette pièce où son Youn a vu le jour. Laurent n'était plus là, il était partit prendre une douche et se reposer un peu car lui aussi n'avait pas dormi depuis 2 nuits.
On a choisi son prénom tous les quatre, Tristan, Jules Laurent et moi. Les gars sont unanimes: Maya. Alors va pour Maya. C'est vrai que Anouk lui correspond moins.
Tout se passe très bien à l'hôtel dieu. L'équipe est très sympa. Le hic, c'est cette déchirure. Ca fait mal. J'appréhende à chaque fois que je vais aux toilettes. Mais cette petite douchette à côté, qu'est-ce que c'est pratique!!
La pépette dort bien, elle tête bien, elle est belle, elle est là.
Le dimanche midi, une pédiatre vient me voir. Elle a une drôle de tête et j'ai un mauvis pressentiment. Elle me dit « votre bébé a un CRP élevé, il va falloir la transférer en néo nat ». Je ne comprends pas du tout ce charabia mais je sens bien que ce n'est pas très cool. Elle m'explique que la prise de sang révèle un taux d'infection élevé. Elle a besoin d'être suivie. Elle doit aller à l'hôpital sud dans un service approprié et moi je vais peut être devoir rester à l'hôtel dieu et être transférée juste pour les tétées car ce n'est pas sûr qu'ils aient de la place pour moi là bas.
Je fonds en larme, c'est pas possible. Et Laurent n'est pas là. Je l'appelle aussitôt. L'interne qui a sorti Maya avec la ventouse vient me voir et m'explique que c'est certainement une infection due au fait que je suis restée trop longtemps sans suivi après la rupture de la poche des eaux. Et puis comme on n'a pas voulu que Maya ait un prélèvement gastrique, on ne saura jamais d'où ça vient. Il m'énerve un peu ce gars car j'ai l'impression qu'il m'accuse de ne pas avoir bien fait. Sauf qu'on a dit qu'on voulait pas de ce prélèvement en arrivant, et on ne nous a pas reposé la question en nous expliquant la nécessité de la chose suite à un accouchement long comme le mien. En plus je me souviens qu'il était pas très content de notre arrivée et qu'il a dit à un moment: «c'est pas pour rien que les femmes choisissent d'accoucher ici» Qu'est-ce qu'il en sait lui ce que ressent une femme qui accouche!!!
Je suis mal. J'ai peur pour Maya. On me dit que c'est peut être pas grave mais que les infections chez les bébé ça peut très vite devenir grave. Alors finalement j'ai hâte qu'ils l'emmènent. Moi, je suis toujours sous perf car j'ai de la température. Je ne peux pas la suivre. Et Laurent n'est toujours pas là. Les ambulanciers ne veulent pas l'emmener sans moi mais la pédiatre ne veut pas que je la suive car je suis sous perf. Elle s'énerve en disant qu'elle connaît bien les protocoles et bla bla bli et bla bla bla. Elle m'énerve elle aussi. Finalement une aide soignante du service accompagne Maya et moi je dois attendre de savoir si je peux la suivre. On m'annonce trop longtemps après qu'il y a une place pour moi. Quel soulagement. Laurent arrive et repart aussitôt à l'hôpital Sud. Ils veulent pas que j' y aille avec lui. Sauf que moi j'attends presque 2 heures avant de pouvoir être transférée. On est dimanche et le service est minimum. Vive les restrictions budgétaires des services publics!!!
Les ambulanciers m'amènent directement au service néo nat. Ils sont là mes deux chéris. La pépétte va bien mais elle est perfusée dans une main et un pied. Heureusement le personnel et le service est très agréable, ça me rassure. Rien à voir avec l'étage au dessous où je suis. C'est le service de suite de couches et grossesses pathologiques. Le personnel est désagréable, hormis quelques exceptions. Personne ne s'intéresse à moi. Je me fais même engueuler par une aide soignante car je marche alors qu'elle vient de passer la serpillière. Elle me dit de me rasseoir. Je lui dis que je ne veux pas qu'elle nettoie ma chambre et que je n'arrive pas à m'asseoir. Qu'elle connasse!!! Je suis épuisée et j'en ai marre.
Marre de cette perf qui se bouche à chaque nouvelle injection. Y' a toujours une infirmière qui veut me repiquer malgré mes demandes d'avoir un anesthésiste (plus expérimenté). Après un essai ou deux c'est toujours ce qu'elles finissent par faire. Je suis piquée de partout. J'ai mal. J'angoisse à chaque fois que je vois les gouttelettes ralentir et s'arrêter. Je suis alors bonne pour être repiquée. Et ça plusieurs fois par jours! Cette putain de perf et cette douleur au niveau de la déchirure. C'est toute une histoire pour se lever, donner le sein, s'asseoir. Le mardi je craque. Je chiale, je ne peux plus m'arrêter. En plus j'ai l'impression que Laurent fait exprès de ne pas me rapporter les choses que je lui demande. Pourtant il fait tout son possible, je le sais. Et la nuit d'avant je n'ai pas beaucoup dormi à cause de la montée de lait et de la petite qui a eu du mal à téter.
Heureusement dans cet hosto de m..., il y a des moments sympa comme cette soirée où Romane, Sylvie, Frank, Buts et Tom débarquent avec une énorme pizza-maison, du cidre et un gâteau au chocolat alors qu'on venait de me servir un repas ignoble qui est donc retourné à l'expéditeur intact.
Le service néo nat est également très sympa. Laurent « kidnappe » la petite pour me l'amener dès que sa perf est finie et quand il n'est pas là et que je ne peux pas descendre la prendre, on me la monte et on me la laisse jusqu'à la perf' d'après.
Le mercredi, 5 jours après la naissance de la pépette, je n'avais pas eu de température depuis 48H. Alors j'ai dis que je sortais. Ils ne voulaient pas, prétextant qu'il fallait que Maya retrouve son poids. Mais ma montée de lait ne s'est faite que le lundi dans la nuit (merci à cette infirmière, un peu bourrue mais très sympa qui m'a bien aidée cette nuit là). C'est normal qu'elle n'est pas encore repris son poids. Et comme elle tète super bien, je voyais pas ce qu'il y avait d'inquiétant. Il faut insister, aller à leur bureau plusieurs fois pour qu' enfin ils nous laissent sortir. Avant même qu'il nous disent OK, mes affaires sont rangées, pliées. On est prêt à partir.
Il a quand même fallu qu'ils lui fasse des tests aux oreilles avec une machine qui ne marchait pas. Le pédiatre est également passé, m'a fait quelques recommandations bateau comme la mettre sur le ventre régulièrement pour favoriser sa tonicité...Alors moi je lui dit, toute pleine de bonne foi et pour montrer qu'on n'est pas des parents à la ramasse, qu'un rendez vous chez un hostéo est déjà pris. Et là il me dit que ça ne sert à rien. Que même si elle est sortie avec une ventouse, tout se remet naturellement en place!!!Bon décidément, on n'est pas sur la même planète. Ca y est on est enfin sorti, tout va bien.
Tiphaine, Guizmo et leur marmots nous accueillent une fois arrivée la maison. Ca y est on y est, chez nous dans notre nid... Quelle aventure. Dire que tout devait se passer là... Maintenant qu'on y est, fini l'hôpital...
Et bien non!!! Trois semaines après, j'ai toujours mal au niveau de la déchirure. Mon médecin m'envoie à l'hôtel dieu. Je suis vu par le chirurgien : l'hématome créé par la ventouse a bouché une glande; la glande de Bartholin. Il faut opérer. Non! C'est pas vrai. Lui me dit qu'il y a quelques temps il aurait pu m'opérer à l'hôtel dieu mais maintenant c'est plus possible, il faut que j'aille à l'hôpital sud....Et ça recommence.
Finalement, je suis remis sous antibio, ils veulent voir l'évolution avant une quelconque intervention. Et ça part tout seul au bout de quelques jours. Ouf. Je suis réconcilié un peu avec cet hôpital. Mais comment se fait-il qu'ils n'aient rien vu avant ma sortie... Ca restera un mystère et maintenant ...je m'en fou.
Vive l'été, la piscine, les festivals avec la petite, les concerts, les copains, les spectacles. C'est chouette un bébé l'été, car une fois dans l'écharpe on peut tout faire (ou presque!!!).
Merci les copains, copines, la famille et tout le monde autour de nous pour nous avoir accompagné dans ce voyage. Parce que cette décision d'accoucher à la maison a été une véritable aventure humaine.... _________________ Solenn, maman de Maya (6 ans et demi) et Félix (4 ans ) et belle maman de Jules (15 ans) et Tristan (17 ans). |
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Marie

Inscrit le: 03 Fév 2005 Messages: 5083 Localisation: rennes
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Posté le: Lun 13 Nov 2006, 18 : 48 Sujet du message: |
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Je fais court : merci Solenn !!! Quel courage : physique, mental et d'écriture !!! _________________ Marie et trois joyeux garçons |
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fanfan
Inscrit le: 14 Oct 2006 Messages: 183 Localisation: Dol de Bretagne
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Posté le: Lun 13 Nov 2006, 19 : 37 Sujet du message: |
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Merci... Bravo... Je suis toute retournée. _________________ Françoise maman de Simon |
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loulette

Inscrit le: 24 Aoû 2006 Messages: 6052 Localisation: st sulpice la foret
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Posté le: Mer 15 Nov 2006, 11 : 35 Sujet du message: |
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merci merci merci pour avoir relaté ton histoire!!! _________________ maman de jules (05/02/2007) et de mathias (09/01/2011) |
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Fabienne
Inscrit le: 12 Fév 2005 Messages: 144 Localisation: Ercé près liffré
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Posté le: Mer 15 Nov 2006, 11 : 40 Sujet du message: |
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Grand merci de votre récit solenn et Laurent, j'en suis toute émouvue... _________________ Fabienne, maman d' Adèle (14/10/2004) et Juliette (11/09/2006) |
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Tiphaine

Inscrit le: 14 Fév 2005 Messages: 4793 Localisation: Tinténiac
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Posté le: Mer 15 Nov 2006, 13 : 39 Sujet du message: |
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................ (ceci est un silence éloquent) _________________ Tiphaine, maman de Lune, Zétoile, Astroboy et en route pour la voie lactée en février |
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Pascale

Inscrit le: 20 Avr 2006 Messages: 1246 Localisation: Rennes
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Posté le: Mer 15 Nov 2006, 14 : 28 Sujet du message: |
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C'est un récit merveilleux, merci de l'avoir partagé. Ca donne envie de vous connaître pour de vrai  _________________ Pascale, maman de Samuel, 3 ans |
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Amandine

Inscrit le: 07 Fév 2005 Messages: 3036 Localisation: Rennes
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Posté le: Mer 15 Nov 2006, 14 : 35 Sujet du message: |
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Quel courage, bravo à vous... (et quand on voit la bouille de votre fille, quelle belle réussite!) _________________ Amandine, maman de P1 10 ans, P2 8 ans, P3 6 ans , et P4 1 an! |
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solenn

Inscrit le: 10 Mar 2006 Messages: 581 Localisation: Rennes
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Posté le: Jeu 16 Nov 2006, 17 : 19 Sujet du message: |
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Merci pour vos petits mots. Si j'ai écrit ce récit c'est un peu grâce à vous à travers couleur bébé. Alors j'avais envie de vous le faire découvrir.  _________________ Solenn, maman de Maya (6 ans et demi) et Félix (4 ans ) et belle maman de Jules (15 ans) et Tristan (17 ans). |
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