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Quel accueil pour les émotions de l'enfant ?

 
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Auteur Message
Tiphaine



Inscrit le: 14 Fév 2005
Messages: 4793
Localisation: Tinténiac

MessagePosté le: Jeu 07 Fév 2008, 22 : 08    Sujet du message: Quel accueil pour les émotions de l'enfant ? Répondre en citant

Juste en suite à la rencontre d'il y a deux semaines chez moi, un épisode personnel ce soir...
Loussine se lave les dents (enfin a la brosse à dents dans la bouche), Zélie fait n'importe quoi dans la salle de bain, et la grande réclame de l'aide de façon très peu engageante et finit par faire n'importe quoi aussi. Ne disposant malheureusement toujours que de deux bras non extensibles, je bloque la petite, et tâche de remettre "en place" la grande. Qui part en vrille, se met en colère, me pince, crie. Bon, je souffle, je lâche la petite, j'attrape la grande et la sort de la salle de bain pour l'éloigner de moi, car je me sens peu encline à la bienveillance, voire à deux doigts d'avoir des gestes et des paroles regrettables. Elle ne reste évidemment pas dans le fauteuil où je la pose (après qu'elle m'ait encore pincé deux fois, aïe, mais je ne dis rien). mais je cours plus vite qu'elle et m'enferme avec la piote dans la salle de bain, pour être hors de portée (et qu'elle soit hors de portée de moi).
Explosion derrière la porte, hurlements comme jamais, coups de pieds ou de poings dans ladite porte, j'ai même un peu peur que le verrou saute.
J'ai une étrange sensation, à la fois je sais que si j'ouvre je vais exploser aussi, à la fois, ça m'amuse presque d'entendre sa capacité à la colère "vivante", j'imagine la Chose de Grosse Colère qui se déchaîne dans ma cuisine. Bref, allez, ça dure quoi, 30 secondes ? une minute au plus ?
Elle s'arrête d'un coup. Le bruit change, il y a un "maman" et des sanglots, j'ouvre immédiatement la porte et ouvre mes bras à la demoiselle qui y hoquète un lot moment avant de finir de se brosser les dents seule puis avec un peu d'aide.
Bon, je n'ai pas accueilli la colère (pas cette fois en tout cas, je le fais quand je suis suffisamment zen pour bien le faire). Je l'ai même provoquée en déplaçant la demoiselle et en lui interdisant le contact par la porte fermée.
Je n'ai pas pu prendre autrement sur moi l'état dans lequel j'étais (colère et limite violence), et en même temps je me sentais comme hors de la situation, et aussi, je crois que je voulais plus ou moins ce qui s'est passé comme exutoire avant le coucher. Allez, on lâche tout et après on peut passer à autre chose.
Bon, ça n'a pas été aussi simple ensuite jusqu'à l'endormissement. Mais voilà un sujet lancé :
Et vous ? Vous accueillez ou pas la colère ? Comment ? Est-ce que parfois vous la provoquez ? Est-ce que vous êtes parfois "content" d'entendre (et de voir) la rage qui sort de votre enfant ?
Et les autres émotions ?
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delphine



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MessagePosté le: Jeu 07 Fév 2008, 22 : 43    Sujet du message: Répondre en citant

oula!! vaste sujet familial puisque Tao a fait de très grosses colères à la naissance de son frère...et cela reste sensible.
et voici que le p'tit 2eme y vient!!

les colères de Tao me font mal. je ne le reconnais pas et je le vois surtout très malheureux (l'autre jour, cela a durer par intermitence toute la journée).
mais hier, j'etais assez contente pour lui. il s'est faché avec son frère et au lieu de trepigner et "faire la cocote minute", il est allé pleuré dans sa chambre (ce qui arrive très rarement, les pleurs).
j'ai sauté sur l'occas, suis allée à coté de lui en lui disant de se laisser aller, l'encourager à taper sur son lit. puis je lui ai dit que quand les larmes l'auront un peu soulagé il pourrait essayer de m'expliquer. nous avons discuté un peu puis il a décidé de rester seul dans sa chambre.
il est redescendu plus tard, detendu...ouf!!

malheureusement ça ne se passe pas tjrs comme ça!!
j'essaie de ne pas le lacher car j'ai compris qu'il vivait son isolement comme une punition et le mien comme une "abdication" mais dur dur de garder son calme...malgré tout je crois qu'il prefere la confrontation..que je lui mette des limites, quoi...

pour Nino, j'avais tendance à le laisser faire sa colère et sortir de la pièce puis lors d'une visite chez la psy (qui nous aidait pour son sommeil) il a fait un colère d'une heure et sa réaction face à la colère de Nino m'a aider à l'accompagner.
je ne le laisse plus, j'essaie de le toucher (même s'il ne veut pas que je le prenne dans les bras). je lui parle, lui dis qu'il a le droit de ne pas etre content mais que sur ce sujet ce n'est pas lui qui decide (en ce moment Nino ne veut pas rentrer à la maison), qu'il est un petit enfant et que ce sont les parents qui font les regles puis je lui dis que je l'entends, que j'ai bien compris mas que s'il continue c'est à lui qu'il fait du mal ...

depuis plus de colère d'1 heure mais plutot 1/4 d'h.
il m'est arrivé de lui proposer de le mettre au lit alors que ce n'est pas du tout l'heure de dormir et plusieurs fois il a accepté avec bcp de soulagement, m'a t il semblé.

voila pour nous ... en ce moment...
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merzouga



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MessagePosté le: Ven 08 Fév 2008, 17 : 40    Sujet du message: Répondre en citant

Pas le temps de répondre longuement mais ca fait du bien de voir comment chacun gère et les "trucs" que chacun essayent ... Ici, les colères sont brèves et accompagnées de pleurs "libérateurs" si bien qu'on passe rapidement à autre chose, heureusment ... Et j'utilise aussi l'isolement auquel on met fin quand on est "calmé" ...
Voilà, en bref ...
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Pascale



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MessagePosté le: Sam 09 Fév 2008, 15 : 25    Sujet du message: Re: Quel accueil pour les émotions de l'enfant ? Répondre en citant

« Tiphaine » a écrit:
Bon, je n'ai pas accueilli la colère (pas cette fois en tout cas, je le fais quand je suis suffisamment zen pour bien le faire). Je l'ai même provoquée en déplaçant la demoiselle et en lui interdisant le contact par la porte fermée.
[...]
Et vous ? Vous accueillez ou pas la colère ? Comment ? Est-ce que parfois vous la provoquez ? Est-ce que vous êtes parfois "content" d'entendre (et de voir) la rage qui sort de votre enfant ?
Et les autres émotions ?


Je trouve enfin le temps de répondre à ton message qui me parle beaucoup. J'ai tiqué un peu sur le "provoqué" : j'ai l'impression que tu ne te donnes pas le mérite de ce que tu as fait en disant que tu ne pouvais pas faire plus. Ce n'est pas parce que ce n'est pas réfléchi que ce n'est pas bienveillant et accompagnant. Tu as réagi avec tes tripes et la réaction de ta fille semble dire que c'est, d'une certaine façon, ce dont elle avait besoin. A la rencontre chez toi on avait utilisé le terme de "purge" des émotions violentes, et je crois que parfois il s'agit vraiment de ça.
Mais vraiment, je crois qu'on ne peut accompagner ça qu'en laissant libre cours à notre propre "instinct" qui nous dit que c'est ça dont l'enfant a besoin.
L'espèce de détachement que tu décris, je le vis aussi quand je suis juste présente auprès de mon fils en le laissant vivre ce qu'il a à exprimer sur le coup. Présente, pas impliquée. Je pense que ça peut être de l'autre côté d'une porte aussi.
Et le contentement que tu évoques, je crois que ça vient de l'impression très forte que notre instinct a pris le dessus et que c'était ce qu'il fallait.
Enfin j'ai du mal à cerner ça précisément mais ça me parle, c'est sûr.
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Pascale, maman de Samuel, 3 ans
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Tiphaine



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MessagePosté le: Lun 11 Fév 2008, 21 : 35    Sujet du message: Répondre en citant

En parlant de "purge" émotionnelle, il y a eu une nouveauté ce soir... Mais là ce n'est plus de rage ou de colère que je parle, mais de frustration, de dépit... Loussine a voulu raconter les histoires avant la nuit, c'est elle qui a choisi les livres, et les a racontés à sa manière (un peu de par coeur, un peu de description d'images, un peu de méli-mélo avec ses préoccupations actuelles...). Le 4e livre refermé (certes ils n'étaient pas très longs, mais j'admire l'acharnement de la demoiselle, avec un public peu attentif - Zélie essayant à tout prix de me faire du bouche-à-bouche et moi m'en défendant, rires, et cie), on éteint les lumières, Zélie se met à téter, et moi à câliner la grande, quand soudain : "Mais j'arrive même pas à liiiiiiiiiiire !", et gros sanglots et hoquets, etc... Après quelques échanges en mots au milieu des larmes, il s'avère que Loussine sait très bien que NOUS lisons les mots écrits et que si ELLE connaît les histoires, elle ne retrouve pas pour autant l'exactitude de sa littérature préférée. Moi je trouve qu'elle développe déjà tout un tas de compétences qui la mèneront à une véritable lecture-compréhension (pas que lecture ânonnante), mais là j'entendais vraiment des accents de désespoir auxquels j'ai envie de répondre de façon juste...
Je vais en parler avec son papa, et peut-être avec son instit...
Mais, pfiou, que c'était dur à accompagner ces gros sanglots-là, ça me donnait presque envie de pleurer avec elle. Parce qu'il y en a de ces choses pas justes qu'on voudrait faire tout de suite mais qui demande un certain temps (apprentissage ou autre...) !!!
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solenn



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MessagePosté le: Mar 12 Fév 2008, 11 : 55    Sujet du message: Répondre en citant

Une idée suite à une soirée de formation autour de l'accueil des émotions de l'enfant:
Dans 1 premier temps lui dire: Je vois que tu es triste de ne pas pouvoir lire les mots (ou 1 truc du genre qui lui montre que tu accueilles son émotion et que tu compatis à son sentiment)
Et ensuite pourquoi pas faire marcher son imaginaire genre; J'aimerai que tu saches lire plein de mots, plein de mots, tous les mots du livre....en y ajoutant les gestes qui vont avec...
Et puis pourquoi pas lui demander quels mots elle aimerait lire et en jouer avec elle (Savoir lire: un éléphant et aussi une princesse et aussi ...etc...)

Voilà une idée en passant. Sentir que tu comprends son émotion puis imaginer avec elle ce qu'elle aimerait.
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Tiphaine



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MessagePosté le: Mar 12 Fév 2008, 13 : 53    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Solenn, très parlant... hier soir c'était difficile d'accueillir de cette manière car y avait la petite soeur qui s'endormait au sein...
Cela dit, son papa tout à l'heure lui a montré comment lire un mot : le titre d'un jeu. Et je pense que si elle redemande, je sauterai sur "princesse" qui, comme dit par ailleurs, devrait être très motivant pour elle.
D'ailleurs, ça me rappelle une petite fille de moyenne section qui était très "girly" d'esprit mais aussi très maligne (comment ça, girly ça voudrait dire pas maligne ? qu'est-ce que c'est que cette discrimination, madame Tiphaine ???), qui écrivait très bien "princesse" en attaché...
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Tiphaine, maman de Lune, Zétoile, Astroboy et en route pour la voie lactée en février
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