Couleur Bébé, Couleur d'enfance

[solenn]

Je ne post plus très souvent alors voici un long récit pour rattraper mon retard

Ce n'est que 4 mois après la naissance de Félix que je me lance dans l'écriture du récit de sa naissance. J'ai bien peur que ma mémoire me fasse défaut sur certains détails...
A huit heures du mat', en me levant ce samedi matin là, je fais une tâche sur le drap. Mais qu'est ce que c'est? Je ne suis pas certaine. Je me demande si c'est de l'urine, mais pourquoi en serait-ce? Ai-je la poche fissurée? Manue me dira que non plus tard, mais j'apprendrai également d'elle bien plus tard lors d'une rencontre CBB à la maison (Félix a 16 mois) qu'il arrive parfois qu'il y ait une double paroi qui en se rompant lâche du liquide.
A ce moment, il me semble que j'ai de petites contractions mais je ne suis pas sur. Pendant toute ma grossesse j'ai eu un utérus contracté quasi en permanence, alors c'est un peu confus.
Très vite je me rends compte que ce sont de vrais contractions dans le bas du ventre, ce que je n'avais pas eu pour Maya. Je sens que c'est pour aujourd'hui. Vers 10h30 j'appelle Manue pour la prévenir. Elle fait son marché à 4 km de là. Rien d'alarmant lui dis-je. « Je te rappellerai dès que les contractions seront plus rapprochées ». Cela lui laisse le temps de préparer son kit d'accouchement à domicile qu'elle expérimente avec moi!!
Peu de temps après ce coup de fil, Paco et Anne Cé viennent déposer du pain bio pour Manue . Anne Cé a 1 gros bidon elle aussi. C'est chouette de les voir tous les deux. Je leur parle entre 2 contractions. C'est bien commencé. Puis j'appelle Romane qui viendra chercher Maya pendant que Lolo amène les gars chez leur mère. Elle est là vers midi/ midi et demi. C'est elle qui me dit d'appeler Manue alors que moi, je veux repousser ce moment. J'ai peur d'être déçue si elle me dit que mon col n'est pas encore beaucoup ouvert. J'ai en tête l'accouchement de Maya et ce satané col qui est resté bloqué à 7 pendant des heures et des heures....Romane me raconte que pour la naissance de Tya, Manue est venue chez elle, lui a fait un touché vaginal et lui a dit: « tu es a 7 ma cocotte, il est temps d'y aller ». Ca me rassure; pour moi aussi ce genre de chose est possible. Alors OK, je l'appelle et c'est vrai qu'en regardant les choses en face, enfin plutôt en prenant le temps de sentir et de percevoir mon corps, j'ai des contractions trtès rapprochées. Manue sera là une heure plus tard. Pendant ce temps Lolo prépare la piscine. Whaou, un accouchement dans l'eau près du feu...j'en rêve.
Lorsque Manue arrive, elle me propose le ballon. Je la trouve un peu directive à l'encontre de Laurent en lui disant ce qu'il a à faire. Je sens Lolo se raidir; ça ne lui plaît pas mais il ne dit rien. Heureusement. Je ne veux pas de heurts entre ces deux là maintenant! Mais Manue ne s'en aperçoit pas...ce que je trouve étrange...est-elle un peu stressée de ce premier accouchement à domicile?
Lolo est assis sur le bureau et moi entre ses jambes sur le ballon. Il m'étire en me prenant sous les bras. Ca me fait du bien. A chaque contraction je lui demande de me lever, de m'étirer. Manue veut un tracé sur le monitoring pendant une demi heure. Elle me le pose mais moi je ne me sens pas à l'aise avec mes fringues. Alors j'enlève tout et je monte me changer pour mettre une robe très ample achetée en Thaïlande. Je vois son air surpris que je fasse cela mais elle ne dit rien. En fait, j'ai pas envie de ce truc, ça me gène et surtout ça me rappelle trop la maternité. C'est pas facile de gérer les contractions avec ce truc. Mais Manue est intraitable sur ce point. Une fois la demi heure passée je me glisse avec délectation dans l'eau de la piscine. Puis elle veut me faire un TV. Moi je ne veux pas. J'en veux pas; ni de son monito, ni de ces TV! A son premier essais, une contraction arrive et je ne veux pas de ses doigts. Je les lui enlève. Mais elle a besoin de savoir, moi aussi et elle doit laisser ses doigts pendant une contraction. J'ai peur du chiffre qu'elle va annoncer et ce n'est vraiment pas agréable. Il est 14h30 environ. Et là, super méga bonne surprise; elle me dit: « Et bien t'es à 9 ma cocotte! » Youhou, j'en reviens pas, c'est cool. Rien à voir avec Maya. Bonne nouvelle, très bonne nouvelle.
A partir de là, pendant plus de 2 heures, je suis dans la piscine, à 4 pattes, avec un Lolo qui appuie à fond sur le bas de mon dos à chaque fois que je crie « CONTRACTION » et une Manue qui appuie sur des points acupuncture en bas du dos également. Ca me fait du bien. Ces 2 paires de mains me permettent de supporter les contractions.
Par contre, je ne supportent pas quand ils parlent. J'ai l'impression que dès qu'ils ouvrent la bouche je leur dit « chuuut ». Et puis à un moment Manue sort fumer une clope, mais moi je ne veux pas, j'ai besoin de ses mains. Comment est-ce possible qu'elle me laisse? Sur le moment j'y crois pas. C'est Lolo qui va devoir s'y coller tout seul.
A chaque contraction je me retrouve avec la tête dans l'eau. Laurent me demande si je veux moins d'eau. Mais moi je ne veux rien d'autre que ses mains et le silence. Manue invite le bébé à passer dans ce bassin. Mais au bout de 2 heures, il n'est toujours engagé. Ca m'inquiète un peu et je perçois un quart de seconde cette inquiétude chez Manue également...
Je reprends ce récit, Félix a 7mois et demi et nous sommes le vendredi 19 juin. Manue a fait son deuxième accouchement à domicile. La petite fille d'Eve est née à minuit quarante. Ca me donne envie de reprendre le fil de notre aventure.
Elle veut aider le bébé à s'engager, me dit qu'il faudrait peut être percer la poche. Moi je suis dubitative. Mais les doigts de Manue rentrent à peine que je sens un liquide tout chaud couler entre mes jambes. A partir de là, les contractions vont être beaucoup plus fortes et violentes. Heureusement mes 2 paires de mains sont là, l'eau me fait du bien. Cette piscine aura été un élément précieux pour mon bien être jusqu'à ce moment et je ne veux pas, je n'imagine pas en sortir. Pourtant peu après cette rupture de la poche des eaux Manue m'invite à sortir de la piscine pour aider bébé à s'engager dans mon bassin. Passer les jambes par dessus le rebord de la piscine fut toute une aventure. Je passe une première jambe mais la contraction qui arrive me scotch de douleur ...je retourne dans l'eau et veux y rester. Mais je sens que ce bébé a besoin d'aide et je sens une inquiétude monter chez Manue et chez moi. Alors je recommence, 1 jambe, puis 2...puis il faut aller jusqu'au canapé qui est à1 m!
Une fois dessus Manue m'installe sur le côté gauche, me replie la jambe gauche, fait des manip sur mon bassin pour favoriser son ouverture. J'ai très mal. J'ai l'impression d'être prisonnière dans cette position. Je veux pas rester comme ça. Je le crie. Je crois me souvenir que quelque chose se passe en moi. Quelque chose de quasi imperceptible dans cette douleur. Le bébé s'engage t-il?
Je reste encore comme cela quelques minutes qui sont une éternité puis naturellement je me retourne sur le dos. C'est comme ça que j'ai envie d'être. Je veux dormir! Je veux du répits! A chaque contraction je m'agrippe à Laurent qui est debout derrière ma tête. Je crie, je gémis. Je lui prends les bras et je tire de toutes mes forces. J'ai besoin de m'étirer. Alors Manue se met à mes pieds, me les prends et les mets sur elle. Et je la pousse jusqu'au mur pendant que je tire sur les bras de Laurent. A chaque contraction je décolle de plusieurs centimètres du canapé et à force de pousser sur Manue, je me retrouve à moitié dans le vide du côté de LOlo. Plusieurs fois, il a fallu qu'ils me remettent au dessus du lit, malgré ma forte réticence.
Puis une envie de pousser arrive. Je ne sais pas si je pousse sur les contractions; je m'en fou; il faut que je pousse. Je pousse plusieurs fois. Je n'ai aucune idée du temps. Il a pu se passer quelques minutes, une demi heure...Et puis à un moment j'entends Manue dire qu'elle le voit. Elle m'invite à mettre ma main pour le sentir. Je sens ses cheveux humides. Je sais qu'il a passé ce putain de bassin, que le plus dur est passé. Qu'il va arriver à la maison, qu'il n'y aura pas de transfert à l'hôpital. Et là, tellement incroyable que ça puisse paraître, je me repose. Après chaque poussée, je respire. Des fois mon corps me dit de pousser mais maintenant que je sais la fin proche, je me retiens, j'ai besoin d'énergie, je me ressource. Puis je sens mon vagin s'étirer, ça brûle, ça s'ouvre je sens lentement la tête de bébé sortir. Puis je me repose encore. Manue me dit d'y aller tout en douceur. Ca me va. C'est comme ça que je le sens. Je prends plusieurs secondes de pause entre chaque poussée. De mémoire, il sortait un tout petit peu après chaque poussée. Chacune d'elle était très intense. C'est mon corps qui me guidait et non l'inverse. Je ne pouvais résister, il ne fallait pas que je résiste. Ces vagues qui m'emportaient et pendant lesquelles j'ai délivré une énergie hors du commun, étaient accompagnées de cris. Je me déchargeais de partout. Il le fallait. Peut être que ces poussées n'ont été qu'au nombre de cinq, mais elles furent tellement intenses; elles m'amenaient tellement près de la délivrance. Il était là, presque là. Et puis d 'un coup, il est arrivé après avoir fait une dernière descente en toboggan. Manue l'a pris et me l'a mis sur le ventre tout de suite. Et moi j'ai cette impression de ne pas l'avoir touché tout de suite. Je ne voulais pas le bousculer après toute cette aventure que nous avions vécu ensemble. Il avait lui aussi été très courageux. Il était plongé dans un nouveau monde et j'avais peur de le bouger, de le prendre, j'avais peur de le casser. J'ai demandé à Manue de le mettre plus près de moi, de mon sein. Et là je l'ai vu mon petit bonhomme. Laurent nous a apporté de quoi nous couvrir. Nous étions dans un cocon tout doux. Avec Lolo et Manue, épuisée, allongée à mes pieds. C'était bon. Nous étions là, tous les 4, au coin du feu, dans une bulle de bonheur. Puis je me souviens vaguement qu'au bout d'une demi heure, il a fallu repousser pour que le placenta sorte. Mais je n'en n'ai plus qu'un vague souvenir. Nous avons mangé là, ensemble. Lolo a envoyé des photos de nous sur le forum de CBB. On avait envie de partager cette joie; c'était tellement merveilleux.
Ce n'est que le lendemain, entouré de tous ses 2 grands frères, de sa soeur, et de Lolo et moi que nous l'avons baptisé. Il lui fallait un prénom. Je voulais qu'il en ai un à ce moment. C'était le bon moment. J'aimais Léon et Félix. Mais personne d'autre que moi n'aimait Léon. Alors nous nous sommes mis d'accord pour Félix, nous nous sommes donnés la main autour de lui et lui avons donné son prénom. Voilà notre petit Félix était sur terre. Et je fini ce récit le 18 juin 2010, quelques 20 mois plus tard.
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Solenn, maman de Maya (6 ans et demi) et Félix (4 ans ) et belle maman de Jules (15 ans) et Tristan (17 ans).

[Invité]

merci pour ce recit! et felicitations pour l'avoir terminé!

[odré]

j'ai tout lu et wahou... ça fait remonter pas mal de souvenirs de te lire, suis toute émue

merci d'avoir pris le temps, de nous raconter!
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maman de 'tite loulette (juin 2008) et little M (octobre 2011)

[Tiphaine]

Bizzzzzzzzzzz Solenn... ça me donne envie de me mettre à raconter le mien.
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Tiphaine, maman de Lune, Zétoile, Astroboy et en route pour la voie lactée en février

[sara]

merci de ton partage!
ça me rend toute chose...
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sarah

[Elise]

Merci Solenn.
C'est très beau.
bizzzzz
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Elise
et ses 5 zoms

[louna]

Merci Solenn...Ca me parle tellement, je suis toute émue! Ca remonte tellement de (bons) souvenir aussi...Et PetiteGraine a dansé la gigue dans mon ventre lorsque je lisais ton récit, il a du le sentir!
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Véro, un gars (2009) une fille (2010)