Couleur Bébé, Couleur d'enfance

[Armel]

C'est la guerre a la maison. Je ne peux pas decrire la situation d'une autre maniere. C'est un conflit ouvert et permanent entre ma fille de bientot trois ans et moi. Je ne sais plus comment agir, quoi dire, quoi faire pour que les choses soient simples, juste une fois, dans la journee.
Tout est sujet a conflit, a refus, a bouderie, a crise de rage. Rien de ce que je fais ne convient: ce n'est pas le bon verre, ni le bon biberon, ni la bonne robe, les bonnes cereales etc... Mademoiselle change 10 fois d'avis et pique une crise si je tranche pour elle.
Tout est lent, j'arrive systematiquement en retard au boulot ce qui n'ameliore en rien ma patience, les couchers prennent plus d'une heure...
Je suis a bout, je ne sais plus quoi faire. Je m'en veux terriblement, ce matin, de rage, je lui ai donne une tape sur la fesse. Moi qui suis contre toute violence physique, ma reaction m'a terrifie. Je suis seule avec elle, donc je ne peux pas la "refiler" au papa quand ma patience est a bout.
Ca fait un moment que ca dure et malgre toutes les explications, les essai de raisonnement, les discussions pour savoir ce qui ne va pas, ca ne va qu'en s'empirant.
J'en suis a un stade ou j'apprehende chaque element de la preparation pour aller a l'ecole ou pour le coucher, les repas, bref tous les moments du quotidiens qui necessitent un minimum de cooperation.
J'en ai tellement mare que je me fache au quart de tour.
Je me dis sans cesse qu'il faudrait que je relise mes livres sur la communication avec les enfants, mais une fois Eileen couchee, je n'ai plus qu'une envie: faire la meme chose. Je suis usee. Je suis a bout.
Vivement le week end.
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Armel, maman d'Eileen (née le 14.06.05)

[Solène.R]

Tiens, ça me rappelle bien des choses...
J'ai vécu une période similaire, où Louyan s'évertuait à faire l'inverse de ce que j'attendais, à vouloir faire des choses dont il savait pertinement qu'elles étaient inacceptables. J'étais également seule avec lui et donc régulièrement pas loin du pétage de plombs : même pas moyen de souffler 3 minutes en le mettant dans sa chambre, il en ressortait pour venir me tanner. Et il a lui aussi reçu 2 ou 3 tapes sur les fesses à cette période (aargh ! Je ne les revendique pas ; rien que d'y penser...) alors que notre relation était basée sur le dialogue, l'écoute. J'avais toujours jusque là tenté de trouver des solutions qui le satisfassent, d'arrondir les angles, de respecter son rythme, etc, mais là, rien ne le satisfaisait, il avait l'air de chercher des limites, pas des solutions.
C'était suite à des changements importants et les choses se sont tassées peu à peu (mais qu'est-ce que ça paraît long !) avec une stabilisation de son petit univers.
J'ai aussi expliqué que pour certaines choses, je lui donnais le choix mais pas pour d'autres (je n'aurais jamais pensé, avant, à dire "là, c'est moi qui décide" ou "Je suis désolée, mais là, on ne peut pas faire comme tu voudrais" !), quitte à faire alors les choses calmement mais sans son accord (lui mettre ses chaussures ou autre : quand faut y aller...). Ca parait peut-être un peu rustre, mais ça me permettait de continuer à vivre normalement et de ne pas m'enliser dans ce rapport de force permanent où, à force d'être respecté, c'est lui qui régentait tout (la force d'inertie, des fois...). Je me souviens l'avoir un jour rincé et sorti du bain sans son accord, alors qu'il était infernal et que rien de ce que je lui proposais ne lui convenait : il a été tout calme ensuite et ce, pendant plusieurs jours. Comme s'il était rassuré que je sache ce que je voulais et que je fasse ce qui était prévu au départ. Et le fait de faire avancer les choses me permettait d'être plus détendue, même si j'aurais préféré un peu plus de coopération.
Je me souviens aussi lui avoir exprimé ce que je ressentais, en lui disant mon ras-le-bol sans le culpabiliser.
Par ailleurs, à certains moments, je me rendais complètement disponible pour lui.
Puis à d'autres moments, je réclamais un moment pour moi.
On a aussi beaucoup bossé sur l'autonomie, qui lui permettait de se sentir libre et responsable tout en faisant les choses nécessaires.
A un moment, j'ai fait un tableau/emploi du temps de la semaine avec des dessins représentant le repas, la toilette, l'habillage etc... Il y avait des papiers crépon de couleur pour les différentes sortes d'activités ET des plages "papier alu" où chacun laissait l'autre tranquille une 1/2 heure : il n'avait pas le droit de me déranger et moi non plus. Et ce n'était pas au moment où je le décrétais, mais à une heure fixe, décidée à l'avance et bien repérable sur le tableau donc incontestable pour l'une et l'autre des parties... C'est un peu rigide et nous n'avons pas fonctionné comme ça longtemps, mais c'est ce qui lui a permis d'accepter de me laisser des moments pour moi et d'apprécier le fait de s'occuper tout seul (chose qu'il ne faisait pas avant).
Bon, là, il faut que j'y aille, je reviendrai si je me remémore des astuces efficaces...
Plein de bonnes pensées pleines de courage et de patience !

[Tiphaine]

Lue aussi... ça ressemble à du vécu d'ici à certaines périodes, et là j'avoue que depuis quelques temps, nous hallucinons sur la maturité de Loussine.
Mais c'est vrai que seule ça doit être vraiment difficile de "patienter" le temps que la période passe (si c'est une période). Tu as certainement besoin de soutien (ami ou famille qui pourrait passer quelques jours chez toi ? une asso sur place ? la/le référent/e/ de ta fille à l'école ? un toubib ? des "expatriés" ?).
Veux-tu qu'on te retrace ici en quelques lignes l'un ou l'autre bouquin que tu as déjà lu et aimé ?
Veux-tu un coup de fil ?
Pour vous aider dans les émotions, il peut y avoir aussi les fleurs de bach... si tu ne trouves pas sur place, peut-etre y a-t-il moyen de t'en envoyer ?
En tout cas, bon courage ! Et si tu peux trouver un peu de temps pour prendre soin de toi...
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Tiphaine, maman de Lune, Zétoile, Astroboy et en route pour la voie lactée en février

[Gwenn]

Peut-être profiter du WE pour partir camper ou au moins picniquer et ainsi changer totalement les habitudes quant à la couleur du verre ou quel livre lire avant de dormir, quel habit mettre.......et ainsi profiter de ce moment pour lui faire comprendre que certaines choses ne sont pas indispensables ou vitales pour passer une journée correcte. Peut-être pas sur le coup mais au moins dans la semaine qui suit.
Casser ce rituel de contestation et de conflits.

Ceci dit, sur le papier c'est bô mais je sais combien c'est dur à réaliser quand on est à bout de force

Le conflit nous use (chez nous, c'est le grand et son père, tous les jours ça crie!!), et on y gaspille de l'énergie qu'on aimerait pouvoir mettre ailleurs (on en a déjà presque plus, alors faut pas la gaspiller dans n'importe quoi )

Bon courage à toi
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Gwenn

Maman de 3 garçons de 16, 11 et 8 ans

[fredo]

Je ne sais quoi ajouter tant je trouve que les idées données par les autres avant moi me semblent judicieuses. Mais je compatis très fortement. J'ai moi aussi ici une "TroiZans" qui mène son monde à la baguette, est en ce moment dans une période "je crie si vous me dites non", ce qui ne manque pas d'arriver car sinon ce serait la bérézina dans la casba... On en arrive à ne plus savoir si ce qu'on fait est acceptable ou pas dans le champ de l'éducation respectueuse, mais quand on est à bout on fait avec les moyens du bord. Et je ne peux pas le nier, ici aussi des tapes sur les fesses arrivent et c'est à chaque fois source de grand désarroi pour moi car je me suis laissée aller à un geste que je déteste et je ne sais même pas pourquoi, d'autant plus que je vois bien qu'il n'a servi à rien... même pas à me défouler vu qu'ensuite je suis mal.
Ce qui ajoute sans doute à votre difficulté en ce moment, c'est votre "cercle fermé" ; tu n'as pas d'épaule sur laquelle t'appuyer quand c'en est trop pour toi. Je ne sais pas dans quelle situation tu te trouves. Mais peux-tu trouver un système type halte-garderie ? histoire de pouvoir faire une pause dans la semaine, pause pour toi et aussi pour ta fille qui serait ainsi confrontée au regard d'un autre adulte ? tu pourrais toi aussi parler avec des professionnels et trouver des éclairages différents...

Reviens ici nous en parler. Cela fait souvent beaucoup de bien (en tout cas jamais de mal, je crois !)
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Maman de trois belettes et d'un petit prince tout neuf.

[Solène.R]

Un autre petit truc qui avait bien changé son rapport à certaines activités ET son humeur générale car il se sentait valorisé (il avait un rôle important et n'était pas seulement "celui dont on s'occupe" mais celui qui s'occupe de") : je lui avais proposé d'être "le responsable" de certaines choses.
Par exemple, il était très sensible à tout ce qui était énergies écologiques, fustigeait les centrales nucléaires, etc (ça l'a pris très tôt !)... mais laissait systématiquement les lumières allumées . Et le fait que je lui demande sans arrêt de les éteindre nous agaçait tous les deux.
Je lui ai donc dit que j'étais embêtée car il nous arrivait à tous d'oublier d'éteindre les lumières et que pendant ce temps, les centrales tournaient pour rien. Puis je lui ai dit que j'avais remarqué qu'il était attentif à ça et lui ai proposé d'être "responsable des lumières". Il les a éteintes très consciencieusement pendant quelques mois (en nous passant même parfois des savons mérités) et était ravi d'avoir ce rôle et d'être "utile".
Si, par exemple, le choix des ustensiles de table pose problème, tu pourrais peut-être lui dire que tu as remarqué combien elle accordait d'importance à ce choix, lui proposer de mettre la table et valoriser sa manière de la faire ? Quitte à lui proposer de mettre un peu de déco en plus (quelques pâquerettes dans un verre sont parfois du plus bel effet...)
Voilà, c'est une petite idée en passant....

[Armel]

Merci de vos nombreuses reponses et vos idees. Il y en a que je vais sans doute adopter. J'aime bien l'idee de dessiner les descisions.
Ca m'a fait du bien d'ecrire et je crois que du coup la pression est redescendue d'elle meme.
Hier soir, j'ai essaye d'etre plus disponibles, et je lui ai accorde un coucher extra-long de discussions et calins. Je crois que cela nous a fait du bien a toutes les deux. Du coup ce matin, pas une seule crise.
Elle a bien essaye un ou deux "je veux pas", mais je lui ai dit rapidement que "la c'est moi qui decide" et c'est passe comme une lettre a la poste.
Je me demande si je ne lui laisse pas trop le choix des fois finalement ...
C'est un stade a passer qui a ete exacerbe par un passage de 15 jours chez son pere. J'avais du travail de terrain a faire et que je n'avais pas d'autre solution de garde. C'est bien pour elle de voir son pere, c'est important, mais ca la perturbe beaucoup aussi. Forcement elle est le centre du monde pendant 15 jours alors quand on retourne a une situation "normale" elle a du mal a comprendre. Et puis son papa lui manque, ce qui est normal aussi.
La on a un WE de 3 jours, lundi est ferie ici. Ca va nous faire du bien de passer ce temps ensemble.
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Armel, maman d'Eileen (née le 14.06.05)

[alibabouille]

Ici aussi, Gabrielle a eu 3 ans hier et sort d'une période très éprouvante pour nous. Les enfants à cet âge testent leurs limites et les notres. Et il est très rassurant pour eu de savoir qu'il y a un cadre et que maman est cohérente par rapport aux limites qu'elle pose. Mais cette période a aussi concordé avec une période de grands progrès et de prise d'autonomie... alors! Elle exprime mieux ses idées, s'habille et se déshabille toute seule, a passé sa période de crise d'endormissement et de petits rituels à n'en plus finir, dort enfin la nuit (ça faisait quand même 3 ans que nos nuits étaient hachées!)... mais ces choses là, on ne s'en rend vraiment compte qu'après la "crise" passée! Pour nous cette période a été une période d'apprentissage du pardon. Oui, je suis qqfois insupportable, j'en prend conscience et j'apprends à demander pardon.
J'ai envie de rajouter que bien souvent lors de changements, nos bouts de chou ont besoin d'être rassurés sur le fait que papa et maman les aiment encore. Peut-être que le tien te dit: "j'ai passé 15 jours avec papa, je me suis bien amusé mais tu m'as manqué, et toi, m'aimes-tu encore?" Bon, là, une solution très simple, du temps rien que pour vous deux.
Bon courage, quand je vois les trésors de patience qu'il nous faut déployer je remercie bien souvent nos parents de nous avoir mené à bon port!!!
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Anne-Laure
Maman de miss G. (2005), miss J. (2007), d'un petit monsieur (2008) et de miss Jbis (2013)

[Armel]

Je crois que c'est vraiment ca: Eileen est en pleine phase d'acquisition d'une plus grande independance.
Ce week end, elle ne voulait pas faire de sieste un apres-midi. Je lui ai donc demande de rester dans sa chambre pour se reposer un peu parce que moi je voudrais en faire une, de sieste. Elle joue tranquillement, je me couche. Une demi heure plus tard elle entre dans ma chambre en me disant qu'elle a fini sa sieste. Je lui dis que moi j'aimerais dormir encore un peu et que je voudrais donc qu'elle retourne jouer tranquillement et qu'elle me laisse dormir. La elle me repond "ah... d'accord" et repart jouer. Je me suis reveille une heure plus tard et je l'ai trouve assise dans le canape en train d'ecouter tranquillement un CD. toute fiere de l'avoir mis toute seule.
Elle ne m'a pas fait une seule crise du week end non plus. La, je peux vous dire que je suis une maman heureuse et vraiment soulagee.
En fait j'ai l'impression qu'elle n'arrive pas vraiment a savoir si elle veut etre une grand ou encore un bebe et que du coup elle est un peu perdu parfois. Elle me redemande des biberons par exemple qu'il faut que je lui donne, alors que les biberons du soir commencaient a disparaitre et quand elle en voulait un elle le prenait dans mes bras mais toute seule. La elle me demande de le lui donner a nouveau et en veut aussi le matin.
Pas facile de grandir... moi je me souviens d'avoir souvent dit a ma mere que je voulais rester un bebe.
En tout cas, merci encore pour vos temoignages qui m'ont aide a passer le cap.
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Armel, maman d'Eileen (née le 14.06.05)

[lili29]

Pareil ici,
une petite bonne femme qui vient d'avoir 3 ans (et un petit frère) et qui donne parfois beaucoup de fil à retordre !

Un petit truc lu dans le hors série "Grandir autrement" : le "branchement".
Parfois (souvent) quand une crise se profile (habillement, retour de l'école, ... Bref moment de stress et de fatigue) je prend ma fille dans les bras (la maman qui expliquait ça, parlait de brancher sa fille ) et d'attendre qu'elle se "débranche" d'elle-même. Souvent il suffit de quelques minutes de calins pour qu'elle parte jouer tranquillement ou accepte de s'habiller...
C'est du temps et de la tranquilité de gagné pour la suite de la journée, une pause déstresse
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Amélie, maman d'Ewen (5 ans), de Mona (3 ans) et de Gwenolé né le 22/02/2008