Couleur Bébé, Couleur d'enfance

[Pascale]

Ce matin, Michel Odent faisait une conférence dans le cadre du salon Ille et Bio à Guichen.
J'ai fait un enregistrement (qui dure 1h30 environ) mais je ne sais pas mettre ici un fichier de type amr, si qq'un sait et me rencarde je pourrai le mettre en accès direct, sinon je peux l'envoyer. J'ai pris quelques notes et je vous les retranscris, les présentes ce matin pourront rectifier et compléter.

Il a rappelé qu'en matière de naissance, il existe des avancées techniques importantes, notamment en matière de césarienne. Aujourd'hui, on peut faire une césarienne en 20 mn, dans des conditions de sécurité importante. C'est une technique qui se répand vite, partout dans le monde elle est accessible. De plus en plus, les obstétriciens y ont recours.
Il existe par ailleurs des avancées scientifiques qui, elles, se répandent lentement. Or il est urgent de mettre en place de nouveaux critères pour estimer comment naissent les bébés. Dans le cadre de ce que MO appelle la "scientification de l'amour", on peut désormais comprendre l'importance du cocktail d'hormones de l'amour, sur la naissance, sur l'influence et la qualité de l'allaitement, sur la flore intestinale etc. On peut ainsi redécouvrir les besoins de base de la femme qui accouche et de l'enfant qui naît.
Les difficultés face à ces avancées scientifiques importantes sont d'ordre culturel. Les cultures, quelles qu'elles soient, ont toujours interféré avec l'accouchement et gêné l'interaction entre la mère et le nouveau-né (comme par la croyance que le colostrum est mauvais ou dans le rituel de séparation de la mère et de l'enfant qui stipule qu'il est indispensable de couper le cordon rapidement). Face à ces croyances et ces rituels, il y a la nécessité pour la discipline scientifique de la physiologie (non pas une normalité, mais plutôt une référence, une "ligne idéale"), car la physiologie est un universel : on accouche de la même façon au Japon et en Bretagne, les données physiologiques sont les mêmes pour tous les êtres humains.
La physiologie est donc une bonne base pour la compréhension et la transmission des informations sur les besoins de base de la femme qui accouche et du nouveau-né.
Il y a trois façons d'illustrer ceci.

1. Le rôle de l'ocytocine.
Elle joue un rôle essentiel pour les contractions durant l'accouchement. C'est l'hormone de l'amour. Sa libération est dépendante de facteurs environnementaux. C'est une hormone timide car elle ne se montre pas au milieu d'étrangers... C'est pourquoi l'isolement est indispensable à une femme qui accouche. Au cours des âges anciens, la femme accouchait hors de son lieu de vie, dans des buissons, dans un abri séparé. La sage-femme était un accompagnement féminin discret, une figure maternelle qui protège. La culture a socialisé l'accouchement. On a donc ensuite accouché dans son lieu de vie, à la maison. Puis la masculinisation de l'accouchement s'est amplifié, jusqu'à aujourd'hui où la place du médecin (et du père), est primordiale, ainsi que la place des théories et de la technologie, symboles masculins s'il en est. Au cours du dernier siècle, des hommes ont décrété que la douleur de l'accouchement était un réflexe qu'il suffisait de remplacer par un autre réflexe conditionné : c'est l'accouchement sans douleur, avec des "coachs" pour apprendre à la femme à respirer, à pousser, etc. Ces dernières années, on assiste à une épidémie de vidéos d'accouchement dit "naturel", alors qu'il s'agit d'accouchements avec de nombreux spectateurs, une caméra, du bruit, de la lumière... Un accouchement naturel se vit dans la pénombre, le silence, le calme, pour que l'ocytocine puisse être sécrétée et joue son rôle.

2. Il y a un antagonisme entre ocytocine et adrénaline : lorsqu'il y a sécrétion d'adrénaline, l'ocytocine cesse d'être sécrétée. Pour qu'elle puisse être sécrétée, il faut donc que la femme se sente en sécurité, pas observée, qu'elle soit au chaud. Il faut également éviter de lui suggérer de marcher : pour qu'il y ait un taux bas d'adrénaline, les muscles striés doivent être au repos. Donc il faut éviter les mouvements inutiles. Il est même cruel de demander à une femme en travail de bouger ! C'est comme si on réveillait quelqu'un qui s'endort, car l'endormissement, lui aussi, nécessite un taux bas d'adrénaline, et le mouvement réveille... Une femme qui semble passive lors du travail est détendue, son taux d'adrénaline est bas, l'ocytocine peut être sécrétée. (Faire marcher une femme sous prétexte que la pesanteur l'aidera est une incompréhension de la physiologie de l'accouchement). Il peut être nuisible de manger également, pour les mêmes raisons. Si les muscles striés sont au repos, ils n'ont d'ailleurs pas besoin d'énergie, sans compter que le sucre traverse la barrière placentaire, mais pas l'insuline maternelle, d'où des cas de jaunisse et d'hypoglycémie chez des bébés dont les mères ont été traitées à l'aide d'une solution glucosée durant le travail. Certes, l'accouchement peut ressembler à un marathon, mais il est plutôt nuisible qu'autre chose de manger des pâtes avant ou pendant !

3. La dimension spécifiquement humaine.
Chez les humains, le néocortex tient une place importante, c'est une des raisons pour lesquelles l'accouchement est plus compliqué chez l'humain que chez les autres mammifères : les inhibitions viennent du néocortex. Les réflexes de l'accouchement, eux, sont ancrés dans une partie plus ancienne du cerveau. La femme doit donc mettre au repos son néocortex. Elle se coupe du monde, oublie tout, semble sur une autre planète. Elle doit être protégée de toute stimulation de son néocortex durant l'accouchement. Par exemple, il faut éviter le langage, la lumière, les stimulations visuelles. Une femme qui est laissée à ses propres ressources évite d'elle-même toute stimulation. La perception d'un danger possible stimule également le néocortex, d'où le besoin de sécurité.

Ces connaissances en physiologie permettent également d'éclairer ce qu'il en est des besoins de base du nouveau-né.

- La physiologie redécouvre par exemple qu'il a besoin de sa mère et de personne d'autre. Du point de vue bactériologique, l'enfant a été exposé aux microbes de sa mère (et de personne d'autre), ce sont des microbes amicaux pour lui. Grâce au cocktail des hormones de l'amour, l'après-naissance immédiate est une période critique pour le développement de la capacité d'aimer.
- Il y a un pic d'ocytocine chez la mère juste après la naissance, plus important même que pendant l'accouchement, et ce pic aide à la délivrance du placenta et permet la mise en place de l'attachement. Mais, on le rappelle, il s'agit d'une hormone timide... La mère ne doit donc pas avoir froid, elle ne doit pas être distraite du contact avec son bébé (l'activité doit cesser autour d'elle, y compris couper le cordon...).

Dans le contexte scientifique actuel, après qu'on ait compris et remis en question le contrôle du milieu culturel (et ses rituels), on peut montrer les besoins de base de la mère et du nouveau-né. Cela doit passer par une prise de conscience. Chacun possède des connaissances intuitives sur le sujet ; partager ces connaissances est un devoir humain. Mais pour être utile, parler le langage du coeur et de l'intuition a ses limites. Comment aider un gynécologue par exemple ? (un sondage a montré récemment que les gynécologues femmes préféraient pour leur propre accouchement une naissance par césarienne programmée...). Pour être utile, il faut devenir bilingue : parler à la fois le langage du coeur (les connaissances intuitives) et le langage scientifique. Il est possible, et même simple, d'expliquer le rôle du cocktail des hormones de l'amour.
Le nombre de femmes qui utilisent ce cocktail naturel d'hormones de l'amour pour mettre au monde leur bébé et le placenta se rapproche de zéro aujourd'hui. On utilise de plus en plus des substitut pharmacologique, on a recours à la césarienne. C'est une situation sans précédent dans l'histoire de l'humanité. L'être humain est si ingénieux qu'il a rendu inutiles les hormones de l'amour... Quelles conséquences pour la civilisation ?
Réunir les conditions idéales autour de la naissance passera par une prise de conscience impliquant tout le monde, pas juste le milieu médical ni même les femmes enceintes. Il faut pratiquer le bilinguisme !

Michel Odent a longtemps dirigé la clinique de Pithiviers. Aujourd'hui, il exerce à Londres, où il est responsable d'un centre de recherche en santé primale.
Une réunion se tiendra à nouveau sur le thème de la naissance physiologique, le 15 janvier 2009.
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Pascale, maman de Samuel, 3 ans

[solenn]

Wahou Pascal, je n'ai pas le courage ce soir de lire tout ce que tu as écrits mais félicitation pour la longueur.
Entre parenthèse, la conférence est à peu de chose près le chapitre qu'à écrit ODENT dans "Accoucher à domicile: Intime Naissance."livre dont on a parlé dans un autre post.
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Solenn, maman de Maya (6 ans et demi) et Félix (4 ans ) et belle maman de Jules (15 ans) et Tristan (17 ans).

[Emilie]

Merci Pascale, tes notes sont très intéressantes, j'y ai appris plein de choses !
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Emilie

[Marion]

Merci Pascale pour ces notes très précises et synthétiques. Ca me chamboule pas mal...

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Marion, maman d'Héloïse (12 juin 2008) en essai couche lavable!

[soazia]

ah oui oui merci, ça donne envie d accoucher comme il le préconise, ça me donne la sensation d un grand bien être et d une osmose avec soi. c est très intéressant!
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Soizic, maman de Yunnan (28/01/2008)

[alibabouille]

Merci Pascale. donc, les 2km que j'ai fait tous les jours après le dépassement de terme étaient plus néfastes que bénéfiques pour le déclenchement du travail si j'ai bien compris ton compte rendu ! Moi qui croyait bien faire!
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Anne-Laure
Maman de miss G. (2005), miss J. (2007), d'un petit monsieur (2008) et de miss Jbis (2013)

[Gwenn]

Ben, nous, il est venu nous voir (il avait du entendre parler des supers gonzesses de Rennes!!).... du charisme ça c'est sur, abordable et plutôt sympa.....juste un peu dur d'oreille!!
On était surtout bouche bée face à cette pointure...et surtout qu'il vienne jusqu'à nous...ça nous a coupé la chique!! ( et pourtant Hélène et moi, pour nous la couper, faut le faire )
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Gwenn

Maman de 3 garçons de 16, 11 et 8 ans

[Elise]

Merci Gwen, pour cette synthèse passionnante. Et qui confirme les ressentis que j'ai eu tout au long de ma grossesse et de mon accouchement, me conforte dans le choix que j'ai fait pour un aad.
Très riche et fort remuant. Comment parvenir à faire passer ce message au plus grand nombre ? Cela me semble tellement urgent (d'un certain point de vue, mais si c'est bien le terme que je souhaite employer).
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Elise
et ses 5 zoms

[grandeourse]

merci!
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Maman de deux enfants